DUETTO

  Scénographie de théâtre
 
 

Scénographie de théâtre conçue comme un ustensile de jeu, pour Elise Vigier et Frédérique Loliée, actrices et metteurs en scène de Duetto 5


 

ÉQUIPE

Texte de (Duetto 5):
   Leslie Kaplan "Toute ma vie j’ai été une femme", éditions POL

Extraits de textes de:
   Rodrigo Garcia : "Vous êtes tous des fils de pute", "After sun", "Notes de cuisine"  éditions Les Solitaires Intempestifs

Conception et jeu :
   Elise Vigier & Frédérique Loliée

Conception vidéo:
   Bruno Geslin

Scénographie :
   Jean-Pierre Girault

Lumières :
   Ronan Cahoreau–Gallier

Son :
   Teddy Degouys

Diapositives :
   Katya Legendre

Régie vidéo et caméra plateau :
   Romain Tanguy

Construction des décors :
   Patrick Le Joncourt, avec Jean-Marc Loliée


 

agenda

 

MAI 2007

La scénographie a été créé pour la nouvelle tournée de Duetto 4 / Duetto 5.

2007/08

Duetto 4 / Duetto 5
"toute ma vie j’ai été une femme" (version italienne créée en 2009) à partir de textes de Leslie Kaplan et Rodrigo Garcia.
Comédie de Valence
La Maison de la Poésie-Paris.


2002/03/04

Duetto 1 / Duetto 2 / Duetto 3
À partir d’écrits de Rodrigo Garcia
Festival « Binari Binari » à S. Vito al Tagliamento (Italie),
« Enzimi » à Rome,
« Corps de texte » à Petit Quevilly, Festival de Hédé

 

SIte du "Théâtre des Lucioles": www.theatre-des-lucioles.net
Dossier:ww.theatre-des-lucioles.net/spip.php?article51

 

 



 

 



 

 

« Toute ma vie j’ai été une femme »

 


...


 

 

 

 

 

...Toute ma vie j'ai été une femme,dit une femme à une autre, et c’est tout un univers qui subitement s’ouvre. Les deux comédiennes partent de situations ou d’images de femmes dans la publicité ou la vie quotidienne.


 proposition 

 

 

 

 

 

 

 

 

La première version de « Duetto » est créée en 2003 sous la forme d’une performance, reprise et retravaillée chaque année lors de festivals en France ou en Italie.
En 2007, après quatre versions du spectacle « Duetto », Frédérique Loliée et Elise Vigier du "Théâtres des Lucioles", demandent à Leslie Kaplan un travail d’écriture autour des questions qu’elles avaient déjà explorées dans les créations précédentes, et notamment autour du thème des « femmes et de la consommation ».
En vue de cette nouvelle version, elles m'invitent à réfléchir l'organisation des objets et accessoires, et de concevoir une table de "travail" mobile.

 

 



 

 

 notes 

 

 

 

 

Jean-Pierre Girault / Scénographe

Je suis l'idée que le plateau est à renverser, pour créer un espace qui les travaille de la même manière qu'elles s'activent à expérimenter les mots et les choses sur une table. Un espace éprouvant qui force les corps à jouer, qui les expose sans cesse. Je dessine alors une cuisine, de type 3D, que je pose à la vertical, au centre du plateau. L'objet paradoxal ouvre à toutes les expériences et projections possibles, à la fois mentales et réélles, images vidéos, objets, corps des deux femmes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 images 

Élise Vigier et de Frédérique Loliée / Actrices et metteurs en scène

La publicité fabrique tous les jours des femmes virtuelles, des objets de consommation. Apparaissent des corps parfaits et des corps pas encore parfaits, morcelés... images de peaux craquelées, de cellulite envahissante, de peaux cabossées et meurtries qu’une crème miracle va aplanir, faire disparaître pour que le corps devienne parfait.
En le regardant de près, ce réel est fou. En le décollant de sa surface, il devient surréaliste, drôle. Parfois la surface ne se décolle pas, et derrière on voit du vide, du néant, de l’infini.

 

Leslie Kaplan / Auteur

Trouver un langage théâtral qui joue avec les mots, leurs sens et leurs sons, avec un langage pris dans son entier comme avec la parole adressée, polysémique. Jouer avec les phrases comme on peut jouer avec des objets matériels, quotidiens. Empiler les mots comme on empile des cubes, les emboîter, les ranger, les retourner, les jeter en l’air, les laisser tomber et les ramasser. Inventer un déploiement sérieux et burlesques, toujours avec du sens mais en se méfiant du sens habituel consensuel, en bousculant et en renversant les clichés.
 


 DOSSIERS 


 

AUTEUR

Leslie Kaplan

Deux femmes sur scène, debout, assises, courant, s’arrêtant, en tas, en vrac, en sac, parlent, se parlent, énumèrent, légifèrent, s’interrogent, se demandent, nous demandent, se jugent, se jaugent : mais c’est quoi ? ...
c’est vous, c’est nous, c’est depuis longtemps, c’est ici et maintenant. Deux femmes, mais “femme” n’est pas une catégorie ni un genre, c’est un point d’appui, concret, matériel, pour faire passer, faire circuler, des mots, des objets, des questions, des émotions. Ce qui circule, c’est l’abondance, tout ce surplus de la société, tout ce qu’on consomme, nourriture, sexe, spectacle, ce qu’on mange, ce qu’on se met, dans la tête, sur le corps, tous ces mots en trop, toute cette bêtise, toute cette pauvreté, toute cette absence, de quoi, de sens, de but, de liens, de rapports, de sentiments, toute cette présence en creux, tout ce vide qui déborde.
No ideas but in things, disait William Carlos Williams, pas d’idées si ce n’est dans des choses, ici on pense avec des choses concrètes, des mots concrets, en situation et en dialogue, et le théâtre vient de cette façon.
Le théâtre : une forme d’étonnement, l’étonnement de proférer des mots et des phrases, de les lancer devant soi et de les sentir voler, toucher, rebondir, l’étonnement devant le langage et ce qu’il y a dessous, devant la vie en somme, toute ma vie comme il est dit.

Frédérique Loliée et Elise Vigier prennent la scène par le détail, minutieux, minuscule, majuscule, décalé, triste, terrible, et franchement comique, au présent, tout le temps au présent, elles donnent ce qui est requis au théâtre, cette présence à l’instant, elles peuvent le faire, elles ont une connaissance intime et très pratique de tous les aspects de la scène, et on a avec elles la sensation concrète pendant la représentation que tout est possible, que tout peut arriver.

L’agencement des surprises n’est pas gratuit, il ne cherche pas un effet esthétique mais le maintien d’une pensée en éveil. Les images de Bruno Geslin sont des moments de suspens et de remise en mouvement, et les femmes - filles sont là, l’attention portée au travail des comédiens est une caractéristique du Théâtre des Lucioles, elles jouent et ne jouent pas, c’est très drôle et très sérieux cette histoire de trop et de pas assez, de tout et de rien, c’est politique, physique et métaphysique, c’est mettre en jeu la condition humaine : parler et être sexué, avoir des limites et être illimité, et ce qui se passe sur scène nous tire aux quatre coins de l’existence, destin et projet, et que faire, On n’a qu’une vie, elle est ici et maintenant, et alors quoi!

 


 

PRESSE

Davide Larre

Femmes idéales façonnées par des tombereaux de clichés publicitaires et de discours normatifs, ou femmes charnelles, échappant à la définition, irréductibles, étonnées d’elles-mêmes ? Entre la pensée des uns et le corps des autres, entre l’écriture ironique de Leslie Kaplan (qui a écrit spécialement pour ce spectacle) et l’iconoclasme de Rodrigo Garcia, la vie circule et le sens de ce qu’est la femme toujours échappe.
Avec une malice cruelle et un certain sens du désordre, Élise Vigier et Frédérique Loliée se prêtent à cette parole empruntée, qu’elles dynamitent aussi habilement qu’elle se laissent prendre à elle.
Scénographie inventive, humour féroce et expression débridée font les atouts de ce spectacle bref et roboratif. Ça commence sans crier gare, et déjà l’espace scénique est saturé de signes évidents du désordre domestique. Comme dans une récente adaptation de la Médée de Franca Rame (compagne de Dario Fo), l’espace de la cuisine (ici suspendu au mur du fond) apparaît à la fois comme un lieu d’asservissement et de libération des femmes. Bientôt, les fruits et légumes vont voler, les sacs poubelles assouvir des désirs coupables, la farine se déverser en nuages épais.
Mais ce chaos traduit celui des consciences, et la langue n’est pas en reste, charriant à gros bouillons d’une logorrhée capricieuse les lieux communs et les sentences définitives, les pitreries et les audaces. Plus le chaos va croissant, plus il libère une forme étonnante de rire, qui ne relève ni de la reconnaissance amusée ni de la défense anxieuse.
On sait gré aux deux comédiennes de ne céder à aucune forme de dogmatisme féministe dans la mise à l’épreuve des discours, et de faire plutôt entrer la langue dans un joyeux tourbillon de formes scéniques, de tours de jeux, de coq-à-l’âne, donnant de la voix (joyeux dédoublement franco-espagnol) et soumettant leurs corps à bien des épreuves qui, comme les jeux d’enfant, semblent avoir un caractère initiatique mystérieux. Élaguer une petite plante, construire des édifices à partir de provisions alimentaires, boire à un robinet penché, dormir dans un caisson opaque (un tombeau à UV ?), autant de petits rites irrésistibles, ponctués, accompagnés ou perturbés par la parole, une parole tantôt un peu rabelaisienne, gourmande, libertaire et folle, tantôt obsessionnelle, débitant du stéréotype en tranches, tantôt acide et ironique. Une parole qui cerne ces deux femmes autant qu’elle les déborde, les consomme et les épuise.