9 PETITES FILLES

  Scénographie de théâtre
 
 

Projet de scénographie résultant d'un temps de travail engagé par Sandrine Roche (Perspective Nevski)


 


 

ÉQUIPE

Auteur et metteur en scène:
    Sandrine Roche

Corps et voix:
   Jessica batut
   Conchita Paz
   Sandrine Roche


Espace:
   Jean-Pierre Girault


 

agenda

 

JANVIER 2012

Temps de travail avec Sandrine Roche
Proposition d'un dispositif théâtrale


Neuf petites filles jouent à s’inventer des histoires.

À tour de rôle, elles livrent leurs souvenirs plus ou moins romancés, leurs craintes, leurs vies rêvées. À travers ce jeu à première vue innocent et les thèmes qu’elles abordent tels que la féminité, la misogynie, le statut social, le corps de la femme, l’homosexualité… on observe à quel point ces fillettes peuvent être – envers elles-mêmes et les autres – cruelles, perverses, ambivalentes, effrayantes de lucidité".

Sandrine Roche  



 

Jérôme Zonder, Jeu d’enfants #1, 2010,
mine de plomb sur papier 160×160 cm
© Collection Antoine de Galbert, France


 présentation texte 


"Neuf petites filles" met en scène un groupe de personnes se regroupant pour jouer des scènes, des histoires qu’elles inventent.
Deux sources d’inspiration ont présidé à la réalisation de ce texte: - le documentaire RECREATION de Claire Simon (1993) - un groupe de fillettes de 9 et 10 ans avec qui j’ai travaillé pendant un an en atelier de création amateur au Théâtre du Cercle à Rennes.
Je n’ai pas travaillé sur la retranscription ce que j’ai vu et entendu dans cet atelier. J’ai simplement lancé des thèmes, tant physiques que verbaux, qui ont permis de créer des espaces de jeu sur le plateau, et ont alimenté ma réflexion sur le papier.
J’ai observé la cruauté, la dureté apparente avec laquelle les enfants rejouaient ce à quoi ils étaient confrontés dans leur quotidien. Je me suis beaucoup questionnée sur ce qu’ils mettaient en jeu, la façon dont ils se jouaient de la réalité. J’ai voulu comprendre comment ces jeux, pour moi si effrayants, tant dans leur propos que leurs mises en scène, n’étaient en fait que le moyen de s’approprier cette violence du monde auxquels ils étaient forcément confrontés.
L’espace du jeu devient l’espace au sein duquel il est possible de questionner le réel. Ce réel si étrange, depuis les publicités quasiment pornographiques vues à la télé ou sur des affiches dans la rue, jusqu’aux expulsions d’enfants étrangers vécus en direct dans les écoles.
Nous savons tous que vivre ensemble, c’est d’abord une violence. La différence (sociale, de couleur, de taille et de poids) n’est pas une chose facile à accepter. Vivre ensemble c’est d’abord se confronter, se cogner au réel. Les Neuf petites filles que je mets en scène questionnent la société, corps et langues confondus. Comment l’individu se construit-il ? Avec quels moyens ? Quelles références de mots, de comportements ? Est-ce le vocabulaire qui détermine la personne ou la personne qui choisit son vocabulaire ? Est-ce l’image du corps qui nous construit, ou nous qui façonnons notre propre corps pour devenir ce que nous sommes?
Je fais et j’écris du théâtre pour parler du mouvement du monde. Je pars du principe qu’on écrit comme on bouge. Alors j’écris en mouvement. Souvent les deux pieds en l’air. J’expose une réalité de façon métaphorique, poétique. Je la détourne de son quotidien trivial pour mieux m’en emparer. Je fais et j’écris du théâtre parce que l’individu, dans toute sa singularité et sa spécificité, m’intéresse. »

Sandrine Roche


 scénographie 

 

 

 

"Connaître, c'est toujours essayer un champ sur un autre champ, une construction hypothétique sur la forme de la réalité telle qu'elle se révèle fragmentairement dans l'expérience"

(Ruyer, Conscience,1937, p. 32).




Comment donner aux choses, par les choses elles mêmes, une valeur spéculative quant à leur existence?
Scénographier a consisté ici à décontextualiser les éléments du théâtre dans le temps - Le moment de la représentation théâtrale est fictionné au passé, au futur - Et, à programmer une suite d'événements qui énoncent des nouvelles chaines de relation d'implication entre tous ses éléments du théâtre, choses, mots, corps....
La scénographie invente, avec le texte, les acteurs, la musique, la lumière, et le public, un espace poétique spéculatif, bougeant, instable, car hypothétique.